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Architecture intérieure de la Bourse de Commerce de Paris : cercle de synesthésie.

  • Photo du rédacteur: Ivana Haidara
    Ivana Haidara
  • 24 janv. 2023
  • 4 min de lecture

Le choix de ce lieu n’est pas anodin : la Bourse de Commerce représente selon moi une rencontre parfaite entre certaines composantes qui font de cette ville ma préférée. Je m’y suis toujours sentie à l’aise tant par son aspect réconfortant avec ces cercles qui viennent nous embrasser mais aussi novateur dans le choix des expositions et dans l’utilisation de l’audiovisuel au service de l’intégration complète du visiteur : à chaque fois que je m’y rend, c’est une véritable experience multi-sensorielle.




La bourse de commerce fait partie intégrante du quartier des Halles, qui est selon moi un quartier que l’on oublie, que l’on a perdu, un endroit où l’on passe sans jamais s’arrêter. Les Halles, centre de Paris, sont avant tout un epitome du cosmopolitisme parisien, de cette ville qui est tout le monde et personne à la fois et de cette place de la Fontaine où l’on peut rencontrer le pire et le meilleur de la ville Lumière.


Historiquement, la Bourse de Commerce, qui n’en était pas une, fut érigée en 1767, sur les ruines de l’Hotel de Soissons, ancien hotel de la reine Catherine de Médicis. Nicolas le Camus de Mezieres fut chargé d’y construire une halle au grain et décida de suivre les inspirations circulaires de antiques de type Pantheon/Colisée. C’est par la suite à Henri Blondel qu’on confia la tâcha de transformer la halle aux grain en Bourse de commerce en 1854, en plein transformation de Paris sous le Nouvel Empire.


L’activité de la Bourse cesse en 2016, année où l’on décide d’y installer la collection de Francois Pinault. La Bourse de Commerce devient alors un lieu de modernité qui accueillent de nombreux artistes emergents venus du monde entier.



La synesthésie est un phénomène neurologique non pathologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés de manière durable. Dans les faits, mon ressenti de la synesthésie est ce relais des sens où un sens en appelle un autre. C'est une experience à laquelle je suis souvent sujette à la lecture des grands auteurs réalistes comme Balzac ou Proust qui ont cette facilité à décrire fidèlement l'éveil des sens. A mon sens, l'architecture intérieure mais aussi la forme extérieure de la Bourse de Commerce favorise l'experience synesthésique. Lorsque l'on y pénètre, on ne peut peut y échapper, les visiteurs sont recouverts, englobés par la bâtisse.


La disposition des œuvres suit toujours les courbures des murs de cette forteresse, ces photographies par exemple épousent parfaitement leur support dans les angles. À mon sens tout cela participe de la cohérence architecturale du lieu.















La fresque intérieure de la coupole s’étale sur 1400 mètres carré, réalisée entre 1886 et 1889, il s’agit d’une véritable ode au commerce international et aux échange entre l’ancien et le nouveau monde. Cette fresque vient sous plomber la coupole, coupole faisant office de barrière protectrice du lieu. Ce véritable dome de verre pose un faisceau de lumière continu sur le cercle et est témoins chaque jour des âmes curieuses qui y passent.



Le choix de disposer cet écran LED a 360 degrés est si puissant : on a affaire dans le même temps à une continuité et à une rupture. En effet, la courbure de l’écran est en ligne de mire direct avec les courbures des estrades du XIXe siècle, tout se superpose parfaitement et l’on sent un dédoublement cohérent, telles des poupées russes. Pour autant comme je l’ai mentionné, il y’a une véritable rupture.












En effet, on a un véritable choc artistique du XVIIIe au XXe voir XXIe siècle avec non seulement l’utilisation de LED sur cet écran géant mais aussi un contenu plus que moderne. En effet, aficionada des lieux que je suis, j’ai pu voir défiler de nombreuses œuvres sur cet écran du Supercercle : c’est à chaque fois un thème très moderne voir contemporain lorsqu’il dénonce. Les scénographies sont osées et mettent souvent à l’honneur des objets phares du monde moderne. On se plaît aussi à voir ce jeu avec les écrans avec une coupure qui n’en est pas une.




La bourse de commerce est un lieu très lumineux et ouvert : l’espace est jalonné de miroirs et d’une multitude de fenêtre qui permettent d’ajouter en puissance et en profondeur aux œuvres exposées.



Les déclinaisons circulaires sont visibles à tous les niveaux : elles donnent une veritable unité à l’architecture intérieure de la Bourse de commerce. Ici, dans les escaliers, on voit bien que la courbure des hauts de fenêtres résonne avec les lignes rondes des colonnes à l’étage au dessus, elles mêmes étant perpendiculaires au debut de la fresque sous la coupole.











Le face à face avec un autre édifice incontournable, un autre de nos colosses, le Centre Georges Pompidou pose la canopée des Halle en miroir : ces deux bâtiments font partie intégrante de notre imaginaire, de notre paysage commun, ils encadrent le quartier des Halles et se posent en véritable forteresse.


En cela, l'architecture intérieure de la Bourse de Commerce de Paris, est l'exemple parfait d'à quel point un lieu peut se mettre au service des oeuvres qui l'habitent. Je reste persuadée que la majorité des visiteurs de la Bourse s'y rend pour voir non pas les oeuvres exposées en elle même mais plutôt la manière dont elle habillent l'edifice, leur petitesse face à cette majestueuse coupole et la manière dont elles épousent ces murs et leur courbures.

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