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Boulevard Davout - Collectif OS’O & Wajdi Mouawad : Contes d’une nuit Parisienne.

  • Photo du rédacteur: Ivana Haidara
    Ivana Haidara
  • 8 févr. 2023
  • 3 min de lecture

La fable que nous imaginons se construit à partir des légendes urbaines. Ces récits parfois troublants traversent les époques, se réinventent au comptoir d’un café, inspirent la littérature. Pluriels, ils puisent autant dans le fantastique que dans le fait-divers, dans l’Histoire comme dans le quotidien. Nous nous sommes plongés dans une masse d’ouvrages sur Paris, mais avons aussi recueilli des centaines d’histoires tantôt bizarres, tantôt macabres, tantôt merveilleuses ou terrifiantes. De l’alligator supposé vivre dans les égouts parisiens à l’homme rouge des Tuileries, ce mélange de genres nous a séduits. Dans les légendes urbaines les personnages croisent la route de fantômes, de démons ou encore d’anges gardiens, métaphores de désirs troubles. Dès lors, l’intime entre en scène comme un écho halluciné de nos propres existences.

Olivia Barron, mai 2022




Il s’agit d’une pièce sur le XXe arrondissement, pour le XXe arrondissement et par le XXe arrondissement : en d’autres termes, un cocktail gagnant pour l’enfant de Jourdain que je suis. Le XXe arrondissement occupe et occupera toujours une place chère à mon coeur : si Paris m’a tout donné, c’est plus particulièrement dans l’ultime arrondissement que je me construite en tant que personne. Ce sont ses cafés de quartiers, ses tours, son street art, sa culture populaire, sa rue des Pyrénées, son Parc de Belleville et son village de Porte de Bagnolet. Ce sont ses odeurs, son bruit, son folklore et son multiculturalisme. C’est aussi et surtout ses fêtes de l’Aïd tous ensemble, insouciants, ses sorties au centre de loisir, ses après midi au City et ses fêtes de la musique à la mairie de Gambetta.


Aficionada du travail de Wajdi Mouawad, j’ai découvert son oeuvre grâce à une amie avec des pièces telles que Ciels ou Incendies dont j’ai particulièrement apprécié l’adaptation cinématographique par Denis Villeneuve. Le fait que ce dernier commandite une pièce au Collectif OS’O avec le théâtre de la colline ne pouvait être que de bon présage. Le théâtre de la Colline est à mon sens un véritable monument culturel français qui rend honneur à un art qui se meurt. Partie intégrante des théâtres nationaux avec l’Odéon par exemple, la préciosité du théâtre de la colline réside selon moi dans le fait qu’il est très avant gardiste et qu’il met de véritables coups de projecteur à des projets modernes, urbains et alternatifs.


La pièce Boulevard Davout est épitomique de cette tendance : il s’agit d’un spectacle interactif dans le XXe arrondissement : en tant que spectateurs, nous avons puis suivre le parcours d’un jeune homme d’une vingtaine d’années en quête d’un logement dans le quartier du Boulevard Davout. J’emploie bien le terme “suivre” au sens propre, il s’agissait d’une véritable balade sur le Boulevard avec des rencontres fortuites. Nous en savions jamais si les passants du boulevard étaient des acteurs ou non, le quartier s’est métamorphosé en véritable Théâtre sous nos yeux : le stade, les routes devenaient décors et les inconnus des rencontres.


Le parcours interactif se déclinait en trois scènettes que j’apparente personnellement à de véritables contes qui explore des themes tels que l’abandon, le suicide, la place de l’Homme citadin dans la ville ou la gentrification. En effet j’ai entendu un réel signal d’alarme, un appel à l’aide face à la destruction du quartier : c’est une destruction physique avec ces immeubles ou ces zones de friche séculaires qui se font raser mais aussi culturelle et morale car les habitants du Boulevard ne font qu’un avec celui ci, ainsi, ils s’éteignent à son rythmes consument à sa cadence. La difficulté à trouver un logement, la précarité, la détresse psychologique furent exploré d’une manière très pertinente : ce sont eux les véritables maux des citadins populaires du XXIe siècle qui ne le seront bientôt plus.









Faire ce spectacle dans la ville, déambuler telles les âmes errantes que nous devenons m’a mis In media res dans dans la dynamique de la pièce. L’utilisation du registre fantastique rend aussi honneur au mysticisme du quartier : enfant, j’ai toujours eu l’impression que mon arrondissement était plongé dans une brume tiède, colorée et maternelle qui le protégeait, qui nous protégeait nous et nos codes. Qui nous gardait à l’abri de ces dynamiques malfaisantes que vomissait la télévision à 20h sur mes rétines. Ce monde là, n’était pas le mien et cette ville là n’était pas la mienne.



Voilà ce qu’est être la ville, voilà le sentiment que j’ai d’être cette enfant du jus parisien qui aime les immeubles haussmanien et les tours HLM, les cafés en terrasse et le Bissap en sachet plastique du Parc Pixerecourt, le Jardin du Luxembourg et le Parc de Belleville. C’est cette diversité qui fait de Paris, du Paris que je connais, sa force et son précieux, c’est ce brassage qui participe de son superbe, c’est ce microcosme qu’il faut protéger à tout prix car il nous a et car on l'est. Ne le perdons pas.





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